VI ‑ LA FAMILLE LABERGE
Désireux de se soustraire à des relations superficielles avec
diverses partenaires, Jacques eut le bonheur de rencontrer une
personne qui possédait dans l`ensemble les qualités ou les attributs
qu`il valorisait. Ils se rencontrèrent à la discothèque « au Mât des
oliviers » au centre‑ville de Montréal, endroit facilement
accessible. Elle était accompagnée par une amie qui devait marié un
marocain. Ce ne fut pas le coup de foudre, néanmoins, ils firent
connaissance progressivement. Ils se rencontrèrent fréquemment chez
sa tante demeurant dans l`est de Montréal.
La missive suivante témoignait de la nature et de l`authenticité des
liens véritables unissant deux êtres; une femme et un homme. Des
liens d`amoureux, d`amours vécus intensément. Cette missive
reflétait à un moment donné la convergence naturelle, l`état de
l`union potentiellement durable de cet homme sur le marché du
travail et de cette femme complétant avec brio un retour aux
études.
» Saint‑Norbert, 26 août 1969
Allô! mon chéri,
Mardi soir, 10:30 hres; la semaine dernière nous étions dans les
bras l`un de l`autre à la même heure. Voilà que ce soir, je me
retrouve seule à m`ennuyer. Oui, je m`ennuie de toi, mon « Minou »,
de cette présence si chère qui fut à mes côtés lors de mon séjour à
Montréal. Un coup de fil et, voilà, tu te retrouvais près de moi.
Il ne nous reste plus maintenant qu`à envisager le temps présent.
Depuis dimanche soir, je revis les moments heureux et malheureux
passés ensemble. Je considère que tout ce qui est beau, ce qui peut
nous rendre vraiment heureux doit se gagner; tout ce qui est facile
ne peut vraiment être apprécié. Pour nous deux, « faire l`amour » est
maintenant devenu « chose facile ». L`appréciera‑t‑on longtemps? …
Je pense que pour se découvrir afin de s`aimer vraiment, il faut
apprendre à se sacrifier l`un pour l`autre. Chose assez difficile à
mettre en pratique chez toi puisque tu es habitué à tout avoir.
Pourtant, tu es en mesure d`admettre que dans la vie lorsqu`on veut
arriver à quelque chose de bien, on doit refouler certains désirs.
Tu sais, mon chéri, j`ai de la difficulté à admettre que l`on
puisse construire de façon solide en vivant notre amour tel qu`on
le vit présentement. Non pas que je ne te désire pas; au contraire,
je ne peux oublier ces moments si merveilleux où je me suis donnée à
toi. Principalement dimanche dernier, n`étions nous pas heureux,
mon amour? …
Tu devines, sans doute, que loin de toi, je peux analyser notre
situation froidement. Non pas que je ne veuille plus jamais « faire
l`amour » mais je juge que certaines restrictions à nos désirs
s`imposent. Je crois que ceci renforcera notre amour. De ton côté,
as‑tu analysé la situation? Quelles conclusions en as‑tu tirées?
J`ai hâte que tu vois mon petit chez moi. Je ne t`en dis pas plus
long; ce sera une surprise. Je l`ai choisi en pensant à toi, en me
disant: « S`il était avec moi, choisirait‑il cet appartement? ». Tu y
seras toujours bienvenu puisque chez moi c`est aussi chez toi.
J`ai vu Roberte aujourd`hui. Ses amours avec Edmond n`allaient pas
tellement bien, ils ont contremandé leur voyage au lac Saint‑Jean.
Petite déception pour nous mais pourquoi m`organiserions‑nous pas un
« p`tit » voyage à Québec chez ta soeur? Tu me disais, la semaine
dernière, que tu aimerais lui rendre visite. Ceci n`est qu`une
proposition, à toi de décider.
Demain, jour d`inscription. Apparemment qu`il ne faut pas se
décourager car on peut prendre deux jours à organiser ses cours.
J`aimerais tellement t`avoir à mes côtés pour me conseiller. La
confiance que j`ai en toi me rendrait beaucoup plus sûre de mon
choix.
Il est présentement minuit. L`heure m`oblige à te laisser car je
m`endors. Je crois que la meilleure solution serait que tu me
téléphones jeudi soir à l`heure du souper. On décidera de ce que
l`on fera en cette fin de semaine de trois jours.
Je t`embrasse bien fort, mon amour.
Je t`aime, je vais m`endormir en pensant que je suis dans tes bras.
« Ta minoune »
xxx
P.S. Je m`ennuie, j`ai hâte de te voir. Tél: 534‑5432″
Dans cette lettre teintée fortement d`amour et d`un désir de
respecter les valeurs morales et chrétiennes, pointait les
manifestations d`initiatives doublées d`un léger soupçon de
dirigisme.
1‑ La famille Laberge comme telle
A l`hiver 1971 et en pleine tempête, Jacques unissait sa destinée à
celle d`une jolie mauricienne (québécoise), administratrice et
pédagogue de formation; une universitaire des plus exigeantes et
performantes. Le couple Laberge effectua un premier voyage, leur
voyage de noce au Mont Tremblant dans des conditions climatiques
glaciales et ils trouvèrent le moyen de réchauffer l`atmosphère; ils
avaient énormément d`affection et d`amour à vivre intensément à
cette époque avancée de leur existence afin d`atteindre leurs
plénitudes affective, sentimentale, amoureuse, sensuelle, sexuelle,
… Ils aimaient le ski et ils ne voulaient pas emprunter pour un
voyage dès le début de leur mariage ayant encore des dettes
d`études. Jacques était familier avec les Laurentides où il avait
loué un chalet d`hiver avec trois confrères de classe incluant un
québécois d`origine algérienne. Il avait recruté, retrouvé ces
confrères en organisant un club de rencontre dans Outremont avec une
grande amie.
Un fils naquit de leur union, un an plus tard. Jacques comptait
assister à l`accouchement de son fils après avoir suivi les cours
prénataux. Malencontreusement, des complications médicales de
dernières minutes l`empêchèrent d`être présent. La mère de Suzie
étant morte à la naissance d`un enfant, elle avait probablement été
traumatisée par cet événement. De plus, Jacques apprit alors que
Suzie aurait pu ne pas avoir d`enfants en raison d`antécédents
médicaux. Son fils séjourna quelques jours dans un incubateur. Les
Laberge encourageaient les futures mères à visiter régulièrement
leur médecin à l`approche de la naissance surtout d`un premier
enfant. L`obtention, par téléphone, d`informations médicales même
d`un centre hospitalier ne saurait remplacer adéquatement une
consultation dans le doute.
En tant que parents, ils apprécièrent les qualités professionnelles
de plusieurs membres du personnel médical d`un hôpital montréalais
pour enfants. L`accompagnement de leur enfant dans sa croissance,
son développement personnel, intellectuel, physique, scolaire,
moral, sportif permirent à Jacques de mieux s`intégrer à la société
dans les domaines scolaire, municipal, sportif, religieux,
hospitalier et des loisirs. Sa mère avait eu la possibilité de
comparer l`évolution de ses enfants tandis que Jacques et Suzie,
avec seulement un enfant, ils réagissaient probablement plus
fortement.
Son fils fit son premier apprentissage de la langue anglaise dans
une pré‑maternelle anglophone des environs. Suite au premier
semestre, il sembla un peu à l`aise. Cet apprentissage apparaissait
pénible à Jacques.
La garde de Simon fut une opération que Jacques et son épouse,
Suzie, traitèrent sérieusement. Comme critères, les plus
importants, ils voyaient chez une famille de gardiennage, l`amour
des enfants surtout chez la mère, un faible nombre d`enfants du même
âge ou avoisinant et la proximité des gardiens. Il découvrit en une
occasion que le père de la famille, où Simon était gardé, était
froid et n`aimait pas vraiment les enfants contrairement à sa femme.
Heureusement que Simon était un peu plus vieux et que, rapidement,
il fit part de cette situation à ses parents. Jacques avait pensé à
une famille composée de trois enfants où les deux sexes auraient été
représentés et les conditions observées à la naissance et au
développement du premier enfant modifièrent leurs expectatives
surtout celles de Suzie.
Suzie, son épouse aimait cuisiner et Jacques croyait que l`époux qui
n`appréciait pas la cuisine et celle de son épouse en particulier,
dès le début de leur mariage, devait en subir les conséquences toute
sa vie. Son épouse ayant expérimentée quelques difficultés à la
confection de tartes chez ses parents antérieurement et Jacques,
ayant eut quelques succès avec une simple recette de tartes de sa
soeur Hélène alors qu`il était célibataire, prit la relève et la
conseilla. Elle reprit confiance en ses moyens et devint un
véritable cordon bleu. Son fils était non seulement un gourmet mais
aussi un excellent cuisinier ce qui le rendait moins dépendant de la
cuisine maternelle et, quelques fois, paternelle. A quelques
occasions à voir s`activer Suzie telle une abeille Jacques pensait
aux nombreuses activités auxquelles sa mère fébrilement s`occupait
du soir au matin comme elle le disait. Il en était de même dans le
domaine de l`habillement; un mari qui était attentif à son
accoutrement et conseillait son épouse en cette matière en
définitive encourageait cette dernière à revêtir fréquemment ses
plus beaux atouts. Des accoutrements même modestes mais bien
harmonisés et agencés compte tenu des circonstances pouvaient mieux
convenir que des vêtements simplement dispendieux, chers.
Concernant le processus de développement et d`assumation sexuel
plutôt tardivement vécu, il croyait, que ce développement avait été
freiné possiblement par des principes moraux inculqués, une
connaissance limitée de la sexualité, un respect prononcé de la
gente féminine (originant d`une grande famille et étant encadré par
des soeurs), une personnalité distante, des désirs plus ou moins
précis, surtout, des moyens financiers limités ne lui permettant pas
d`envisager le mariage sans arrêter ses études, etc. Il réalisait
que la poursuite d`études et un mariage tardif se faisaient
peut‑être au détriment d`amours consumés plus tôt et d`un meilleur
équilibre personnel dans certains cas. Son point de vue sociétal
consistait au fait que les tendances démographiques et
sociologiques; mariages plus tardifs, diminution du nombre d`enfants
par famille, réduction du nombre de mariage, augmentation de
l`instabilité émotive et affective des époux, recherche accrue de
confort des membres de la famille, libéralisation des moeurs,
mutation des valeurs menaçaient la survie du groupe ethnique
francophone québécois surtout à Montréal. Cette menace était
accentuée, pensait‑il, par le choix des nouveaux arrivants et la
qualité de leur accueil et de leur intégration.
Au sujet de son épouse, il pouvait écrire des pages pour décrire la
dévotion avec laquelle elle s`occupait de son enfant et de son mari.
Elle n`avait pas eu de modèle de mère si ce n`était celui de sa
tante et elle en inventa un des plus complet sinon parfait
humainement parlant. Que d`énergies, d`attentions, de dévouement
manifestés! Un de ses oncles venu leur rendre visite avait
aimablement composé un texte de deux pages, reproduit en annexe,
pour faire l`éloge du jeune couple Laberge et Jacques avait conservé
ce texte. Les deux enfants de cet oncle pratiquaient brillamment le
droit à Montréal. L`époux, Jacques, appréciait les efforts de son
épouse pour accueillir ses frères, ses soeurs, ses parents, … Il
la voyait de plus en plus belle et mature, au cours de ces années,
malgré, les adversités rencontrées par son mari, par son fils et par
elle‑même sur les marchés du travail et dans la société en général.
Il est superflu d`ajouter que comme toute personne, elle avait les
défauts de ses qualités.
Après avoir demeuré près de l`université, le couple Laberge
déménagea à Rosemont avec leur progéniture dans un grand logement
dont le propriétaire était italien. Qu`ils étaient sympathiques ces
italiens; simples, accueillants lorsque leurs avances; vins,
gâteaux, … étaient acceptés avec empressement et appréciés.
Jacques souvent pensait que nos amis italiens ressemblaient beaucoup
à nos braves québécois oeuvrant dans la construction et leurs
femmes, quelques fois, à la manufacture. Que dire de leurs
fastidieux mariages auxquels ils les invitèrent aimablement!
L`esprit de famille était omniprésente et ils étaient disposés à
accueillir un peu comme des membres de leurs familles, des proches,
des locataires accommodants, en occurrence. A cet endroit, Jacques
débuta ses expériences de bricoleur en rénovant son logement tel
qu`entendu avec le propriétaire. Le père américain Smith, connu en
Angleterre, aurait été rassuré de le voir s`intéresser aux travaux
familiaux, lui, qui s`inquiétait pour Jacques à ce
sujet.
En 1974, la famille Laberge acheta une maison à Varennes et Jacques
effectua des travaux: pose des revêtements de plancher en bois franc
et peinture préalablement au déménagement. Le bricoleur fut mis à
contribution notamment en finissant le sous‑sol, en paysageant la
maison et le terrain après y avoir érigé une clôture. Il avait dû
se familiariser avec tous les métiers; menuisier, électricien,
plâtrier, plombier, … En tant que technicien‑ingénieur, il était
facile d`effectuer ce bricolage exigeant en termes de disponibilité,
de temps. Combien d`heures passées à étudier, à choisir, à
commander et à faire croître des semis à l`intérieur, des fleurs,
des plantes et arbres ornementaux, des arbres fruitiers; vignes
décoratives et à raisin, pommiers, cerisiers, poirier, et prunier,
des semences et des plants aux jardins familial et communautaire.
L`ajout d`un cabanon et d`une piscine creusée représenta un
investissement important pour le couple Laberge et la famille en
profita durant plusieurs années. A la fin de l`été, ils récoltaient
et dégustaient d`abord les raisins verts et bleus qui mûrissaient
plus rapidement que les raisins rouges. Simon était
particulièrement friand de ces fruits frais; raisins, fraises,
framboises, pommes, poires, cerises de Luceville et prunes. Un
automne, Jacques, conseillé par des spécialistes, fit quelques
dizaines de bouteilles de vin blanc. En d`autres temps, les oiseaux
étaient nombreux à se gaver de raisins gelés durant l`hiver et le
printemps lorsqu`un gel inattendu terminait la saison des vendanges
chez les Laberge à Varennes. Après avoir rempli plusieurs petits
albums de photographies d`arbres fruitiers, d`arbustes en fleurs, de
fleurs, de plantes décoratives et autres, Jacques choisit d`autres
sujets pour exercer ses talents de photographe. A un moment donné
beaucoup de plantes grimpantes d`intérieur envahissaient jusqu`au
plafond une bonne partie de la salle à dîner jusqu`à ce que Suzie
s`en lasse et alors seulement quelques spécimens furent conservés.
Une chambre froide avait aussi été construite où les nombreux pots
de confitures aux fraises, aux framboises, aux prunes jaunes et
bleus, de gelées aux pommes, aux raisins, aux cerises à grappes, de
jus de tomate, de tomates, de marinades vertes, rouges, salées et
sucrées, de betteraves, de carottes, d`haricots coupés, … De
plus, un vaste garde‑robes en cèdre avait été aménagé au
rez‑de‑chaussée également. Pour le vivoir, il avait fabriqué une
grande bibliothèque en mélanine ainsi qu`un meuble ordinateur avec
un support amovible pour l`imprimante et une boite à feuille
séparée. Chaque année, il retouchait la carrosserie de ses voitures
lorsqu`elles étaient défraîchies et rouillées. Il utilisait au
début du ciment et, ensuite, il préférait du fibre de verre ainsi
que des cannes de peinture sous pression.
Durant quelques mois, Jacques s`était initié sommairement à la
peinture abstraite à l`huile en jouant avec des formes, des
couleurs, des agencements, … Il avait pensé pratiquer ce loisir
en absence de professeurs, de cours car jusqu`ici il avait presque
toujours suivit des cours. Il visitait des galeries d`art ainsi que
des expositions comparant ses tableaux à ceux de d`autres. Il avait
conservé plusieurs de ses peintures pour éventuellement n`en
retenir que quelques unes. L`une avait longtemps été suspendue à
un mur de leur chambre.
Il fuma la pipe durant quelques années et il récolta son propre
tabac. Surtout en terre américaine, il fumait le cigare et il
appréciait la différence de prix des cigares en absence d`aussi
lourdes taxes qu`au Québec.
Les Laberge eurent plusieurs voisins. C`est surtout par
l`intermédiaire de leur fils qu`ils eurent la chance de les côtoyer.
Des couples dont la femme à la maison couvait ou surprotégeait son
enfant, d`autres qui n`exerçaient aucune autorité apparente et dont
les enfants consommeraient éventuellement de la drogue et étaient
enclin à la violence et des parents qui suivaient de près leurs
enfants. Pour la pratique des sports, Jacques et son épouse
accompagnaient Simon au soccer, à la natation, au hockey, au ski,
… et socialisaient avec les autres parents de la ville. Certains
amis croyaient peut‑être le couple Laberge parfait. Non parfait!
Seulement, heureusement humain. Suzie considérait comme les
meilleurs moments de la famille ceux passés sur le mont Saint‑Bruno
alors que Simon suivait des cours de ski et que le couple Laberge
skiait sur ces courtes pentes en l`attendant. Sur la rue, ils
étaient encadrés par un membre des services secrets fédéraux et un
membre de la sécurité du Québec. Jacques se rappelait d`avoir
informer la police locale d`un point de vente possible de drogue, il
fut surpris par le nombre de questions posées au sujet de ses
propres coordonnées au lieu de celles du point potentiel de
distribution et il refusa de s`identifier. A une autre occasion, il
rapporta avec son fils un portefeuille que celui‑ci avait trouvé à
Montréal. L`agent local leur conseilla de le rapporter à la police
de Montréal. Jacques refusa et finalement l`agent l`accepta. Lui
et son fils se sentaient presque coupables d`avoir rapporté ce
portefeuille contenant argents et cartes personnelles. Jacques
aurait aimé que l`agent souligne le beau geste de Simon alors qu`il
crut tout simplement ajouter aux tâches du préposé.
A accompagner Simon au hockey, Jacques connut un père qui suivait
également les progrès de son garçon. Les parents discouraient de
hockey et de sujets d`actualité. Cet homme, à son travail au volant
de son camion, fut frappé par un conducteur en état d`ébriété qui
récidivait régulièrement. Ce père de famille décéda quelques jours
après l`accident. Jacques fut heureux d`apprendre qu`une nouvelle
législation contribuerait à réduire le nombre de ce genre
d`accidents. Ces conducteurs fautifs subissaient rarement les
conséquences fâcheuses de leurs actes étant détendu ou chanceux.
Les parents de Simon circulait dans la résidence avec ou sans
vêtements jusqu`à un âge où il aurait pu comparer sa situation à
celles de d`autres enfants. Alors, ils cessèrent cette pratique
pour lui éviter des problèmes sociaux, pensaient‑ils! Plus tard, en
l`absence de Simon, ils récidivèrent à ces habitudes de vie dénudée
le plus possible de vêtements surtout au chalet sis loin de la
route.
Lorsque Simon devint plus grand, ils connurent moins bien les
voisins sur la rue et surtout les nouveaux venus et il était
surprenant de voir les nombreux déménagements de personnes mutées,
désirant une plus vaste demeure, etc. La situation apparaît
toujours plus rose chez le voisin et souvent Suzie comparait leur
situation à celles projetées par les voisins. Les Laberge
considéraient avoir été choyés, en général, à ce sujet. Ils avaient
développé des liens d`amitié et fonctionnels avec eux. L`échange de
matériel et de services devinrent une façon naturelle de s`entraider
entre voisins.
Jacques avait aménagé le patio sur plusieurs verges cubes de sable
et de pierres cimentées, et l`été, les Laberge étaient entourés de
vignes à raisin, de lierres Engelman, clématite, houblon, bourreau
des arbres, chèvrefeuille grimpant, aristoloche agrippées aux
treillis supportés par des poteaux d`acier. A proximité de la
maison, ils réservaient cet espace aux vignes à raisin et, dans
l`autre demi‑ellipse compétitionaient les autres lierres que Jacques
trimait au cours des semaines estivales. Le houblon était
particulièrement envahissant. Une petite rocaille de couvre‑sol
surtout encadrait la descente de la porte patio au patio. La
cheminée donnant sur la rue s`arc-boutait dans une rocaille couvrant
le côté de la maison d`où s`enracinaient des lierres de Boston,
d`Engelman ainsi qu`un vigoureux couvre‑sol. Dès le printemps,
cette rocaille était fleurie et d`autres fleurs se relayaient au
cours de la saison estivale et même automnale.
Une deuxième table avec parasol occupait un coin de la cour tout au
bout de la piscine creusée, près de ce plan d`eau, adossée contre la
clôture dissimulée sous les lierres Engelman, le weigelia mature et
un rosier Rugosa aux roses veloutées.
A l`autre extrémité de la piscine, un hydrangea à boules blanches
cachait partiellement la clôture. Cet arbrisseau originait du
voisin et avait grandi au cours des ans. En retour, ce voisin avait
hérité du cerisiers provenant de Luceville et, pour sa part, Jacques
avait conservé qu`une tige de ce cerisier après avoir abattu et
débité en bois de chauffage cet arbre immense qu`était devenu ce
cerisier transplanté de chez ses parents.
La clôture assurait l`intimité familiale au moins pour la baignade
car elle constituait un support, un treillis aux lierres Engelman
aux quintuples feuilles entremèlées d`une lierre aux fleurs en forme
de cloches blanches noyées dans la verdure et s`ouvrant au
soleil un peu comme les gloires du matin et provenant de son village
natal. Initialement, une bordure de cailloux blanc recouvrait la
terre entre la clôture et le trottoir de la piscine et
progressivement la vigne prit de l`ampleur, de l`envergure pour
éventuellement envahir une portion du trottoir. Au moins, ce coin
de la cour intérieure plaisait à Suzie.
Jacques préférait des arbres fruitiers dans sa cours car le
printemps, ils formaient d`immenses bouquets de fleurs, atteignaient
des tailles raisonnables et produisaient abondamment des fruits.
Suzie décriait, quelques fois, l`envahissement de ces lierres et
Jacques s`assurait qu`un cécateur était toujours à la portée de la
main. Elle aurait aimé voir un seul type de lierre projetant une
image uniforme, de continuité. Jacques avait expérimenté diverses
lierres et avait conserver les plus vigoureuses. Une variété les
avait séduit; la dentelle d`argent et, malheureusement, elle ne
s`avéra pas suffisamment rustique. Cette lierre décorait
admirablement le treillis en fin d`été et de la fenêtre de la
cuisine le coup d`oeil était agréable. Le cabanon était masqué par
des vignes et un lilas dont Suzie prisait les aromes au printemps.
Le potager ajoutait une touche rurale, champêtre, trait‑d`union avec
leurs antécédents communs. Originant d`une région au climat plus
rustique que Montréal, Jacques était fasciné particulièrement par le
mûrissement des raisins, d`abord, et, ensuite, des poires malgré le
supplément d`ombre apporté par la proximité des majestueux érables
avoisinant leur propriété. Quand Simon était jeune, il avait
l`opportunité de dégusté des fraises disposées aux abords du terrain
près des clôtures. Plus tard, il s`agissait de framboises qu`il
pouvait manger à satiété tout comme ses parents car ils en
récoltaient une dizaine de livres. Afin de déguster tôt les tomates
fraîches du jardin, Jacques transplantait des plants avec des fleurs
et des petites tomates, plants achetés de pépinières, trois plants
suffisaient. Dès, la mi‑juin, certaines années, ils se délectaient
de ces fruits. Le soir à bicyclette, ils découvraient, admiraient
les aménagements paysagers dans les rues avoisinantes tout en
exerçant leurs mollets.
Deux de ses soeurs vivant à Montréal avaient joint leur existence
respectivement à un français et à un suisse allemand. Jacques
apprit à les connaître et, un peu, leurs pays aussi. Ayant séjourné
un an en Europe, il réalisait qu`ils ne leur étaient pas facile de
s`adapter à un nouveau pays; des milieux de travail anglophones, des
pressions pour intégrer même illégalement les enfants au milieu
anglophone, de nouvelles coutumes, des désirs de migrer outre
frontières québécoises (Etats‑Unis), des pièges publicitaires, des
valeurs et des installations matérielles différentes. Jacques les
admirait à plusieurs points de vue et ils voyageaient le plus
possible généralement accompagnés de leur famille.
A l`occasion, les Laberge aimaient magasiné sur la rue Saint‑Laurent
à Montréal. Ils s`intéressaient aux quelques boutiques présentant
des produits un peu internationaux. Jacques fut abonné à un club
vidéo latino‑américain du secteur. Certains magasins offraient des
produits de qualité acceptable à des prix abordables toutefois il
était préférable de s`y connaître. Ils avaient noté des progrès
dans l`usage du français. Jacques retournait quelques fois chez un
barbier grec amical, compétent et dont les prix étaient raisonnables
à son point de vue et ce barbier s`exprimait malheureusement
seulement en grec et en anglais quoique le français primait dans son
annonce.
Il vécut une expérience particulière, le jour où il réalisa qu`il
avait reçu plus d`intérêts sur ses obligations du Québec que prévus.
Après avoir mentionné une anomalie à la direction de la gestion de
la dette publique à Québec, ils lui acheminèrent des intérêts
additionnels. Jacques écrivit au ministre en titre à son bureau de
comté et il ne reçut jamais d`accusé de réception à sa lettre même
si la direction du dit service fut changée. Par bonheur ses
dossiers financiers étaient à jour! A partir de ses dossiers, il
rectifia les données du ministère des Finances et il en résulta de
nombreux échanges épistolaires. Il fut renversé de constater qu`une
si importante fonction administrative pour le Québec ait pu être
aussi lamentablement assumée. Certains amis politiques de Jacques
avaient vu cette situation comme un piège personnel visant son
intégrité et éventuellement sa liberté d`expression et d`action.
Tout était possible! Surtout en politique où les appétits étaient
féroces!
Une amitié établie à partir des relations professionnelles et
entretenue par des visites familiales semi‑annuelles s`avéra durable
de part les personnalités en cause; deux scientifiques intéressés
aussi à d`autres sujets que la science (politique, moral, affaires,
…) et deux épouses oeuvrant dans des secteurs d`activités
semblables, connexes. Ils furent témoins de l`évolution des membres
de chaque famille respectivement, une évolution harmonieuse dans
l`ensemble; deux noyaux familiaux stables. Ce copain s`impliquait
bénévolement à la gestion d`un mouvement coopératif d`envergure,
aimait rédiger des articles en s`appuyant sur les connaissances
acquises notamment au cours classique et il songeait écrire
l`historique de sa lignée familiale, les Labelle. Quelqu`un avait
travaillé dix ans à un tel projet, lui avait‑on dit!
Les décisions d`ordre familial se prenaient à deux! Après
discussion avec son épouse et l`étude des diverses solutions, les
décisions étaient souvent finalisées par Jacques. Il appréciait les
arguments et les informations présentées par son épouse qu`il
considérait intelligente et douée. Souvent dans l`étude de
transactions, Suzie défendait une autre proposition ou développait
des arguments adverses à ceux de Jacques, ce processus décisionnel
qui conduisait à des décisions mûries et qui laissait quelques fois
Suzie en position de critiquer si les résultats escomptés n`étaient
pas obtenus. Toutefois à la blague, ils disaient que quelque soit
leurs décisions, ils erraient souvent, semblait‑il! Suzie
s`objectait souvent à la prise de décisions importantes. C`était
jamais le temps, et il fallait poursuivre l`étude du dossier, que ce
soit pour l`achat d`une voiture, d`une maison, d`un chalet, …
A court d`un deuxième salaire durant certaines périodes, Jacques
rénovait une ou deux pièces de la résidence chaque année afin de
moderniser celle‑ci. Dans de meilleures conditions financières, les
Laberge auraient acheté une maison neuve maintenant que Simon était
d`accord, maintenant que les amis de Simon n`étaient plus surtout
localisés sur la rue car ils considéraient les investissements
immobiliers comme d`excellents placements. En ces années, le grand
ménage annuel traditionnel, tâche harassante et monotone, était
effectué par les propriétaires sans aide de l`extérieur.
Leur fils à depuis son adolescence eut accès aux boissons
alcoolisées. Il en fit progressivement la dégustation et
l`apprentissage afin d`éviter des abus souvent dûs à une
interdiction qui se levait abruptement à un moment donné. Du côté
américain, ils croyaient qu`attendre à vingt et un ans pour boire de
l`alcool dans un bar était excellent comme mesure pour réduire les
accidents routiers et constituait une situation où les jeunes
adultes pouvaient se tourner plutôt vers la drogue en absence de
boisson même s`ils leur étaient loisible d`en consommer à la maison.
Ici, encore, Jacques accordait beaucoup d`importance à
l`assimilation progressive de connaissances comme sauvegarde de
l`intégrité personnelle. Une personne expérimentée et renseignée
était moins vulnérable aux sollicitations du milieu! Et Dieu savait
qu`elles étaient nombreuses!
Dans le choix de ses accoutrements, Jacques, choisissait des vêtements
convenant à l`exercice de sa profession; complets, ensembles
harmonisés du point de vue couleur et style de veston, pantalon,
chemise, bas, cravate et souliers. Ses couleurs préférées compte
tenu de la nature de son travail s`apparentaient au bleu, au gris,
au noir et au brun. Durant quelques années, le brun fut banni de la
mode et Jacques le regrettait car il considérait cette couleur comme
une des grandes couleurs masculines. Il aimait moins le kaki, en
raison de son image, son association sinon sa connotation militaire,
qui fut très populaire à un moment donné.
Il préférait varier journalièrement son habillement au moins selon
un cycle hebdomadaire. Généralement, il portait la cravate et, en de
rares occasions, il revêtait un chandail à collet roulé sauf à la
maison où il adorait ce vêtement chaud et confortable en saisons
froides. L`été, il portait des bermudas et souvent des « shorts » de
couleur à la mode et la plupart du temps neutre; bleu, gris, blanc,
noir. Suzie le disait conservateur dans son habillement et quelques
fois l`influençait en ce domaine ainsi que son garçon. Pour sa
part, Simon ne ménageait rien pour s`habiller à la mode et avec goût
souvent à grand frais. La mode permit le port de vêtements dénudant
de plus en plus les gens. Les travailleurs de la construction avec
leurs courts jeans en étaient un exemple.
Après avoir assumer leur sexualité, Jacques et Suzie constataient
l`importance de cette fonction de la vie conjugale, de la vie qui
permet à deux êtres complémentaires de se réaliser, d`accepter
certains inconvénients de la vie, de continuer à cheminer ensemble.
L`harmonie sexuelle correspondait au ciment efficace maintenant deux
individus ensemble. Evidemment que cette harmonie était une des
composantes‑clé d`une vie pleinement vécue à plusieurs points de
vue.
Sa mère mourut à l`âge de quatre‑vingt ans, elle se sentait malade
depuis un certain temps et refusait de mourir à l`hôpital, endroit
qu`elle connaissait bien ayant subit quelques interventions
médicales. Jacques l`encouragea à subir des examens mais les
résultats ne furent pas encourageants et il constata qu`elle n`était
plus motivée à combattre. Son père était décédé déjà depuis six
ans environ et elle fut enterrée dans sa paroisse natale près de son
époux. Leur fils aîné repose également près d`eux.
Jacques observait à l`occasion que Suzie lorsque contrariée
déversait sur lui beaucoup du fiel verbal avec presque de l`hystérie
et l`accablait de tous les défauts, d`incapacités possibles;
manifestations de violence verbale, pensait‑il, auxquelles il apprit
à ne pas répondre. Suzie faisait preuve de réalisme légèrement
nuancé de pessimisme. Personne n`était parfait! Chacun avait des
faiblesses à commencer par Jacques! Nous avons le défaut de nos
qualités, pensait‑il! Suzie, perfectionniste, devenait peut‑être
obsédée par le manque de travail de Jacques ce qui était
compréhensible cependant Jacques n`en était pas certain. Ces
manifestations ne conduisaient nul part si ce n`est qu`à la
séparation lorsque la réplique était constamment donnée et qu`une
escalade en résultait. Il était plus facile de faire face
positivement à ces assauts lorsque l`on était reposé, croyait
Jacques. A trop s`intéresser à des détails, la vue d`ensemble et la
perspective globale s`échappaient, s`estompaient, s`effritaient et
il en résultait que des points importants pouvaient être négligés.
De plus, Simon, son fils, réagissait quelques fois avec beaucoup
d`exaspération à de telles réactions de sa mère. Un noyau, une
cellule familiale au sein de laquelle les époux se disputaient en
fonction de leurs personnalités était probablement représentative de
plusieurs secteurs d`activités où de chauds débats, de nombreuses
luttes de pouvoirs existaient, perduraient. Le système politique ne
reposait‑il pas fréquemment, en pratique, sur le bipartisme.
Jacques était favorisé relativement à Suzie car il n`avait que très
rarement mal à la tête alors que Suzie souffrait fréquemment de
migraines et de maux de dos. Elle avait tout essayé la médecine
conventionnelle, l`acuponcture, la chiropractie, la physiothérapie,
la kinésithérapie, les exercices, … Pourvu et bénéficiant d`un
excellent estomac, Jacques, périodiquement, réduisait son poids près
de son poids calculé comme normal par un éducateur physique: cent
cinquante‑deux livres. Sa méthode s`avérait des plus simples car
elle consistait à réduire la quantité des aliments absorbés et à
boire de l`eau. Ainsi, sa diète était balancée car il continuait à
absorber la même variété, diversité et gamme d`aliments. Jacques
attendait et choisissait un moment particulier, un changement pour
amorcer un jeune diététique. Ils avaient aussi expérimentés avec
succès un gargarisme à base de miel et d`huiles essentielles et
naturelles d`eucalyptus et de menthe poivrée pour traiter un gorge
éraflée et des congestions nasales.
En vieillissant à l`instar de d`autres couples, les Laberge
recevaient moins de parents et d`amis malgré les nombreuses
sollicitations ou possibilités tant au Québec qu`au Canada et aux
Etats‑Unis que d`ailleurs car ils étaient moins désireux et motivés
à cuisiner et à dépenser temps et argents à cet effet. Actifs dans
diverses organisations, ils rencontrèrent des gens de divers milieux
ayant diverses préoccupations et exercèrent leur pouvoir
discriminatoire d`après leurs préférences et leurs intérêts tel que
perçus.
Certaines connaissances des Laberge et même des confrères de travail
de Jacques s`imaginaient qu`ils étaient riches souvent parce que
plus jeunes ou n`ayant pas des formations semblables. Les exigences
financières en milieux urbains et en régions ou en campagne
différaient beaucoup, la valeur des résidences, … Ils étaient
loin d`être riches, comme Suzie le disait souvent, devant maintenir
leur niveau de confort actuel parfois en l`absence d`un deuxième
salaire. Leurs fonds de pension en souffraient aussi de ces moments
difficiles car Jacques ne pouvait investir dans un fonds de pension
des revenus d`intérêts. Quelqu`un avait réussi à amasser
suffisamment d`argents pour vivre convenablement de ses revenus et
il travaillait pour s`occuper et continuait à amasser d`autres
argents par réflexes naturels, par déformations professionnelles.
Il ne pouvait travailler bénévolement. Jacques appréciait l`argent
comme moyen permettant l`achat d`utilités, conduisant à un certain
confort et surtout à un certain degré d`indépendance difficile à
atteindre. On disait de quelques personnes que l`argent leur
collait aux doigts tandis que d`autres ne pouvaient endurer la
pensée de posséder quelque argent! Jacques avait déjà noté cette
façon différente de s`assurer une sécurité dans sa propre famille.
Un autre mode d`expression culturelle que Jacques appréciait était
le théâtre. Les Laberge avaient assisté à quelques pièces. A
l`université, le dimanche après‑midi, Jacques avait assisté à
plusieurs mini‑concerts et occasionnellement, les Laberge se
laissaient bercer aux sons harmonieux d`orchestres et de
chorales.
2‑ Les vacances
Chaque été, la famille Laberge séjournait à Rimouski profitant de la
présence des parents et des grands parents. Jacques et sa famille
appréciaient l`amabilité et la chaleur humaine de son père au cours
de ces visites. Toujours accueillant et souriant! Suzie aimait
bien son beau‑père toujours plaisant! Simon, leur fils était le
préféré avoué de sa grand‑mère, question de tempérament, dit‑on.
Une semaine représentait une courte période pour visiter les quatre
soeurs et les trois frères du Bas du Fleuve, sa paroisse natale et
les environs. D`année en année, le nombre de cultivateurs diminuait
dans le rang natal et dans ce village d`arrière‑pays. Quelques
fois, ils poursuivaient leur pèlerinage annuel, comme Jacques
l`appelait, jusqu`à Percé, au Nouveau‑Brunswick ou ailleurs.
Jacques aimait rejoindre tous les membres de sa famille même lorsque
de légers différents existaient. Il considérait qu`il faut éviter
d`isoler qui que se soit car en d`autres temps la personne laissée
pour compte pourrait un jour être lui. Quelques fois, il allait en
excursions de pêche à la morue sur le fleuve avec son frère
accompagné par un professionnel. Les premières années, ils
rapportaient du poisson à Montréal et ils réalisèrent que souvent
les produits de la pêche et les fruits de mer étaient offerts à de
bons prix et dans de bonnes conditions à Montréal. Une fois, il
était allé pêcher avec son jeune fils à une petite rivière près de
Saint‑Donat et ils prirent quelques petites truites mouchetées que
sa mère âgée dégusta, elle adorait ça, ces petits salmonidés enrobés
de farine et rôtis dans le beurre. Lors de ces pèlerinages, ils
rapportaient aussi un ou deux faisans achetés chez une vielle
connaissance de l`arrière‑pays. Jacques réalisait que sa mère refit
l`apprentissage de la vie à deux et en compagnie de leur fils aîné.
Il avait discuté de vie sexuelle entre elle et son père. Elle lui
avait révélé qu`il était tard pour eux et il reconnaissait l`ampleur
du processus de réadaptation un peu comme deux inconnus.
Après être revenu du Bas du Fleuve, ils se rendaient en Mauricie à
la ferme de ses beaux‑parents pour quelques jours. Les tantes et
les oncles occupaient beaucoup de place lors de ces visites. Un de
ses oncles était venu hiverniser leur résidence secondaire aux
Etats‑Unis avec une petite équipe d`hommes accompagnés de leurs
épouses même s`ils ne parlaient pas anglais. Une voisine des
Laberge sur le lac, une franco‑américaine veuve accepta
généreusement d`agir comme interprète. On retrouve des gens
formidables partout, n`est‑ce pas? comme disaient les
britanniques!
Le couple Laberge se rendit en Martinique. Ce fut probablement leur
plus beau voyage; le soleil, les paysages, les fleurs, l`hôtel « en
surface ou en superficie » plutôt qu`en hauteur, les repas
gastronomiques avec spectacles folkloriques, les déjeuners arrosés
de mille jus variés, l`amabilité des martiniquais, la quiétude des
lieux, la visite des sites historiques, … En compagnie de leur
jeune fils, ils vécurent aussi pour ne pas dire également des
moments merveilleux à Ixtapa au Mexique; chambre au niveau de la
plage, qualité de l`eau, nourriture excellente à l`hôtel et à
proximité, isolement du complexe touristique que le Président du
Mexique fréquenta à ce moment, température chaude et confortable,
accueil chaleureux des mexicains, …
3‑ La chienne
Son fils insista auprès de sa mère pour s`acheter un chien malgré
ses allergies connues. Il entreprit une étude exhaustive de la
gente canine et son choix se fixa sur une petite chienne West
Highland terrier aux poils laineux auxquels il n`était pas
allergique. Son épouse devint une adepte de la nouvelle venue et en
prit soin tel un enfant. Simplement qu`en observant la pauvre
qualité du poil de la petite chienne, Jacques décela le piètre état
de santé du chiot. Son historique médical devait confirmer son
diagnostic d`amis des animaux. En vain, elle fut opérée pour
corriger une boiterie à la jambe gauche arrière. Il semblait que
ces problèmes étaient courants chez les petits chiens de race.
En vieillissant, la petite chienne s`intégra aux activités
familiales et représenta un lien enrichissant, un trait‑d`union entre
les membres de la famille ainsi qu`une compagne pour celui ou celle
qui restait seul à la maison. Elle suivait même les programmes à la
télévision et elle jappait lors de scènes violentes et où des chiens
apparaissaient. A proximité d`un plan d`eau, elle surveillait les
baigneurs et jappait lorsque quelqu`un enfonçait sa tête dans l`eau.
Elle s`intéressait surtout aux enfants! A l`arrivée de visiteurs
indifférents à sa présence, elle jappait pour s`attirer leurs
attentions. Jacques avait hérité d`une petite chaise haute et
rustique pour enfant. Il s`agissait de la chaise utilisée par
lui‑même lorsqu`enfant et dont la famille de son frère avait
bénéficié. A son tour, Simon, fils de Jacques l`avait utilisé et
pour terminer cette histoire banale, c`était la petite chienne qui
en était la dernière bénéficiaire. Au lieu de se faire solliciter
individuellement, les Laberge avaient décidé de placer la chienne à
leur portée, dans la chaise haute. Jacques n`avait jamais cru qu`il
en viendrait à adopter une telle méthode; refiler la chaise d`enfant
à un chien. Les personnes âgées pourraient bénéficiées de la
présence de tels compagnons, songeait‑il! La chienne constituait
une présence active pour les trois membres de la famille. Elle
occupait souvent une position mitoyenne entre les membres de la
famille et adorait se coucher sur les vêtements de ceux‑ci. Sa
principale préoccupation était son alimentation et le plus généreux
à lui accorder quelques miettes, lors des repas, était son favori.
Il était peu souhaitable pour Jacques d`embrasser Suzie en sa
présence; elle manifestait sa jalousie et son esprit possessif. En
voiture, elle préférait se coucher sur les épaules de Jacques, tout
contre le sommet du siège. Evidemment, il ne pouvait subir très
longtemps cette pression même d`une douzaine de livres.
Leur chienne souvent s`attardait à sentir de son petit nez noir
humecté le petit problème de peau de Jacques près de l`oreille qu`il
soignait à l`occasion avec de la cortisone à 2.5 % ce que les
dermatologistes recommandaient. Il utilisait aussi du
protège‑lèvres et du polysporin pour empêcher la peau de gercer car
la cortisone apparaissait moins efficace, toutefois, son efficacité
à moyen terme n`était pas assurée non plus. Jacques fut heureux
d`être efficacement soigné par un jeune dermatologiste. En quelques
jours, son léger mais néanmoins persistant et croissant problème
cutané disparu. Quel soulagement peu escompté! Le médicament en
cause était une crème corticostéroïde de furoate de mométasone,
0,1%. La chienne avait semblé habilité, capable de détecter ces
anomalies et Jacques ne fut pas surpris outre mesure de lire dans un
journal qu`une femme avait vu un problème à une jambe détecté à
temps grâce aux attentions répétées de son chien à cet endroit.
Incroyable n`est‑ce pas! De plus, elle avait développé l`habitude
de lécher les sueurs sur le cou de Jacques lorsqu`il avait transpiré
en travaillant. Certains propriétaires de chien coupait les poils
masquant partiellement les yeux du chien. Les Laberge avaient
observé chez un couple d`amis que leur chien avait les yeux cernés
par des sécrétions jaunâtres l`été et ils décidèrent de respecter la
nature capillaire de leur chienne.
Si quelqu`un s`amusait à jouer au chien avec elle, il se devait de
rester loin de son plat de nourriture s`il ne voulait pas être
menacé par la propriétaire; grondements, jappements et même morsures
après avertisements. Jacques s`était amusé à lui installer un
escabeau à deux marches afin de lui permettre de surveiller les
chats, les gens à l`extérieur de la maison et d`éviter à un membre
de la famille d`avoir à la placer sur son poste d`observation. A
l`heure de sa promenade, elle talonnait Suzie pour lui rappeler que
c`était l`heure et qu`elle le désirait vivement.
Elle passait ses journées entières à surveiller les chats surtout,
et le chien du voisin. Un été, elle s`intéressa à une famille
d`écureuils gris dont les membres effectuaient des promenades
aériennes sur les câbles téléphoniques à l`arrière de la maison et à
proximité du potager. Elle s`avérait une gardienne efficace du
patrimoine familial des Laberge d`autant plus qu`une marmotte
faisait des ravages cet été là dans le voisinage. Lorsque Suzie et
Simon parlaient fort, la chienne venait se réfugier près de Jacques
ne comprenant pas la nature des échanges tout en reconnaissant le
ton.
La chienne disposait d`une vraie banque de données reliée, connexe à
ses instincts. Par exemple, les soirs d`été en raison de sa nature
dite « terrière », elle creusait un nouveau trou dans la terre où elle
rafraîchissait un ancien emplacement à proximité du patio et elle
s`y couchait rafraîchissant ainsi son ventre et par conséquent
abaissait la température de son corps. Suzie désespérait à la voir,
par le fait même, salir son poil blanc. Ensuite, la chienne se
secouait, tout comme, elle le faisait après que Suzie l`ait peigné.
Elle préférait son poil à l`état naturel, libre. Quoi de plus
naturel!
Des amies de Suzie s`étaient plu à lui offrir une plaque décorative
dont le thème était Fanny car elles avaient été témoin des
attentions de Suzie à l`égard de sa petite chienne. On pouvait lire
sur cette plaque
« Fanny
Franche, douce et sincère
Avec l`intelligence prospère
Noble et naturelle
Nantie des qualités les plus belles
Y`en a pas deux comme elle! »
Amusant n`est pas?
4‑ Le sport
Jacques et Suzie adoraient les promenades en ski de fond dans une
érablière où chemin faisant ils admiraient les décors « boiseries »,
forestiers variés; de multiples bouleaux blanchâtres, des sapins et
des pruches au coloris permanent (vert), des érables de diverses
dimensions, des champs de quenouilles, … Tout au long des douze
kilomètres souvent parcourus en soixante minutes ou près par des
conditions excellentes car Jacques n`avait pas de ski anti‑recul,
leurs organismes s`oxygénaient semi‑aérobiquement car leurs pouls
approchaient rarement cent vingt pulsations par minute. Jacques
avait participé à quelques demi‑marathons. Un premier à
Rivière‑des‑Prairies avec un doigt cassé, ensuite, au huitième
marathon de Montréal à l`épreuve du vingt et un kilomètres et celui
de Kino‑Québec de Longueuil de vingt‑deux kilomètres.
Ces expériences de courses à pied se terminèrent par une tendinite
et Jacques connut plusieurs « joggers » d`expérience qui souffrirent
de troubles articulatoires aux genoux et cela le confirma dans sa
décision d`accrocher ses souliers de coureur‑amateur. Il suivit des
cours de conditionnement physique dans sa municipalité et
l`éducateur physique devint un chiropraticien qui devait traiter son
épouse subséquemment. Jacques avait confiance aux médecins et aussi
à la chiropratique pour certains problèmes de dos et articulatoires
après la prise de radiographies. Jacques avait été soulagé d`un mal
devenu chronique à un orteil. Après deux traitements, son « vieux
chiro » des plus expérimentés et équipés le soulagea définitivement
et rapidement de ces malaises. Ensuite, il se limita à des marches
et à des randonnées à bicyclette à Varennes et dans les Adirondacks.
Suzie insistait pour faire sa promenade journalière.
A titre d`expériences sportives, il pratiqua assidûment le karaté
durant un semestre et il en acquit les rudiments. Il retint de
cette expérience surtout un contrôle accru de lui‑même. Déjà, il
avait observé que, généralement, il conservait son flegme, la tête
froide, son sang froid dans les situations critiques. Ces exercices
intenses développèrent chez lui une endurance physique qu`il nota,
entre autres, de la façon suivante; il pouvait retarder les heures
de ses repas sans en subir d`inconvénients apparents lorsqu`il le
fallait.
Jacques fit du ski alpin pendant de nombreuses années. C`est au
petit mont Plante dans les Laurentides qu`il fit ses débuts en ski
accompagnée d`une enseignante, directrice d`école, originaire du Lac
Saint‑Jean. Il devait skier souvent à Belle‑Neige, pente facile à
proximité du chalet loué à Val David. A l`occasion, il se rendait
au mont Tremblant où un copain agissait comme patrouilleur. Les
quelques pentes de ski à proximité de leur résidence secondaire
s`avéraient un peu éloignées et il déplorait que l`ancien centre de
ski de l`autre côté du lac ait été fermé car la montagne était parmi
les plus élevées dans le nord de l`état de New York et à mi‑chemin
entre Montréal et le centre de ski White Face. Son fils possédait
des dispositions naturelles pour enseigner le ski, lui semblait‑il,
il lui soulignait les points susceptibles d`être améliorés en peu de
temps.
Un des sports, que Jacques appréciait, était le golf. Sans être un
excellent joueur pour n`avoir jamais jouer intensément et avoir
appartenu à un club de golf, il adorait se trouver sur ces parcours
relaxants en milieux naturels et en compagnie de compagnons et de
compagnes intéressés à se détendre.
A plusieurs reprises, il avait nagé selon un parcours fictif tracé
entre son quai sur le lac et un quai flottant chez un voisin sis
plus loin. Il faisait l`aller‑retour en variant, changeant de
styles; brasse avant, brasse arrière, la nage rampée (crawl) avant
et arrière, marinière et brasse arrière inversée. Il disposait de
quelques lunettes ajustées à sa vue pour fins de natation et de ski
nautique (avec flotteur). De plus, un autre accessoire utile
lorsqu`il allait à la piscine intérieure était ses lunettes ajustées
à montants de carbone résistants à la chaleur du sauna. La piscine
familiale était agréable pour le jeu et particulièrement pour le
rafraîchissement. Cependant, en tant qu`adulte, il n`était pas
question de s`y conditionner physiquement en raison des faibles
dimensions relativement aux piscines municipales. Avec l`air
climatisé, les Laberge ressentaient moins le besoin de se baigner à
Varennes. Au chalet surtout après l`exécution de quelques travaux,
ils se rafraîchissaient même si l`eau était plus froide qu`à
Varennes. Dans ce cadre naturel, ils se plaisaient à se rendre à la
nage à une roche à quelques distances du bord du lac.
A titre de membre d`un organisme communautaire, il joua une saison à
la balle‑molle, sport qu`il connaissait peu. Il fut surpris
d`attraper presque toujours les balles lorsqu`il était au bâton,
agissait à titre de frappeur. Il était plus faible au champ,
pensait‑il! Préférant se rendre au chalet certaines fins de
semaine, il lui arrivait de manquer quelques parties. Au baseball,
au stade olympique, il restait assis durant le chant « O Canada » et
de plus en plus de gens adoptaient cette attitude.
Un sport que Jacques qualifiait de social et qui lui permit de
réduire son poids de quelques livres lors des nombreuses soirées à
danser sur des musiques anciennes et modernes en compagnie de Suzie.
Surtout lorsque la musique était celle d`un orchestre de plusieurs
musiciens, ils se sentaient mû, porté au gré des vibrations
harmoniques et des rythmes musicaux originants et traduisants de
nombreuses cultures; latino‑américaine, hispanique, viennoise,
bavaroise, française, anglaise, africaine, … Jacques avait suivi
et organisé des cours de danse à l`université.
Un autre sport important pour un propriétaire de chalet était
évidemment la pèche. Jacques et Suzie séjournait souvent deux
heures sur le lac à pêcher à la traîne à basse vitesse et à
pique‑niquer. Une pèche fructueuse consistait en quelques truites
arc‑en‑ciel et des saumons dont le lac était ensemencé.
Généralement, ils utilisaient le bateau‑moteur et occasionnellement,
la chaloupe mut par le moteur électrique. Souvent, au coucher de
soleil, ils pêchaient devant le chalet près d`un petit rocher
pouvant être observé de la surface. Jacques et Simon avaient passer
plusieurs soirées à prendre des achigans, des perchaudes, des
truites et même des saumons. Le ski nautique occupait également
Jacques et Simon. Surtout, Simon, il exécutait des prouesses
attirant l`attention des autres propriétaires et souvent d`autres
skieurs venaient agrémenter le décor de leurs zigzags bien
« arrosés », bien accentués. Durant, quelques années, le voilier fut
populaire chez les Laberge. Ces sports étaient pratiqués dans un
cadre naturel enchanteur.
A l`automne, la chasse permettait d`agréables promenades dans les
forêts avoisinantes en compagnie de la chienne et Jacques pratiquait
le tir à la perdrix, aux lièvres, … A quelques reprises, Jacques
avait suggéré l`étude d`une entente Québec‑New‑York visant à réduire
les coûts des permis de chasse et de pèche dans les deux régions
compte tenu du nombre de sportifs américains et québécois d`autant
plus qu`ils payaient des taxes scolaires, par exemple, sans que leur
enfant en profite. Ils affectionnaient une route dans la forêt
tracée pour une voie ferrée délaissée. Un ancien verger les
fascinait et attirait du gibier. Malheureusement, en peu
d`endroits, la chasse était permise et, quelques fois, ils allaient
chez son copain américain. Jacques avait cru qu`en tant que
droitier son meilleur oeil était son oeil droit. Hé! Bien! Non!
Suite aux conseils d`un armurier, il devait reconnaître que son oeil
utile pour la chasse était le gauche. D`ailleurs, il était habile à
divers degrés des deux mains. Conséquemment, il dut refaire son
apprentissage de chasseur, jusqu`à un certain point. Les randonnées
en quatre roues, tout terrain avaient été prisées longtemps par
Simon en particulier et Jacques accompagné par Suzie en étaient
aussi venus à bien connaître les sentiers dans les environs.
Généralement, ils s`enfonçaient dans la forêt jusqu`au sommet de la
montagne d`une façon motorisée pour ensuite poursuivre à pied la
chasse après avoir chargé son arme.
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